Télésurveillance



1 Présentation :


La télésurveillance, dite « home telehealth » (Koch S. et al, 2005), permet la surveillance à distance des patients, grâce à des capteurs placés dans le domicile. Cette surveillance peut concerner les paramètres vitaux du patient ou son activité. L’aboutissement de ce concept est la maison intelligente.

2 Technologies existantes :

Comme la téléconsultation, cette technologie nécessite un ordinateur personnel au domicile du patient, et un chez le professionnel. Cette technologie nécessitera en plus divers capteurs dans le domicile, et un système de sauvegarde des données. La transmission des données, ici aussi, est le plus souvent assurée par une ligne téléphonique grâce à une connexion internet (Hsu Y-L., 2007).

La télésurveillance utilise des capteurs reliés le plus souvent sans fil au terminal capable de transmettre les informations. La technologie bluetooth semble s’imposer sur le plan normatif pour la transmission des données (Technosens n° 36, 07/2009). Parmi les très nombreux capteurs qui peuvent être envisagés, on distingue donc deux catégories.

La première est représentée par les capteurs qui permettent de suivre directement l’activité du patient. Parmi ceux-ci on trouvera des puces RFID ou capteurs infrarouge passifs présents dans les vêtements des patients pour suivre leurs déplacements (Le Bellego et al. 2006), des dispositifs d’enregistrement de la position verticale ou allongée du patient, et la surveillance de son activité le jour ou la nuit par bracelet (Ancoli Israel et al, 1997), par infrarouge (Nakano et al, 2002) voire même par caméra 3D (Jansen B. et al, 2007).

L’activité peut aussi être surveillée de manière indirecte par des détecteurs d’utilisation des chasses d’eau, d’ouverture et fermeture des robinets , d’utilisation ou non utilisation des appareils électroménagers courants (Corte Franco G. et al, 2008)..

La deuxième catégorie regroupe les capteurs de suivi des paramètres biologiques des patients. Il existe des technologies de surveillance par anneau porté au doigt de la saturation en oxygène (Martin S. et al, 2008), des électrocardiogrammes portatifs fixés au poignet et aux vêtements fonctionnant sans fils (Handa T. et al, 1997), ou de surveillance de la de l’activité respiratoire et des ronflements, par un système sensible à la pression des liquides relié à un boudin rempli d’eau placé sous le cou du patient (Scanlon M. et al, 1999). Une tenue a même été développée, incorporant six capteurs capables de monitorer par exemple la tension artérielle ou la fonction respiratoire (Wilhelm F.H. et al, 2003).

Et pour la sauvegarde des données, il existe deux dispositifs. Le plus classique est un « data center » qui assure leur protection à distance par l’intermédiaire d’une société de service, mais il est possible avec des systèmes décentralisés de sauver les données directement au domicile du patient (Hsu Y-L., 2007). Ainsi, au lieu de sauvegarder les informations à distance, un disque dur fait office de serveur, et présente plusieurs avantages (Yang et al., 2009) : sa taille réduite le rend plus acceptable et plus facile d’emploi en pratique, la sécurité des informations est mieux préservée, la sauvegarde des données assurée même en cas de panne de la connexion internet..

La réalisation la plus aboutie de la télésurveillance est la « maison intelligente » (Stefanov D.H. et al, 2004). Ce système intègre dans un même domicile différentes catégories de capteurs permettant d’assister (domotique) ainsi que de surveiller (télésurveillance) un patient vivant seul à domicile. Ces systèmes ont d’abord été envisagés pour des patients présentant un handicap physique, pour être maintenant proposés aux patients atteints de la maladie d’Alzheimer, même si la complexité de leur mise en place dans un logement existant rend leur concept assez théorique.

3 Intérêt de la technologie :

Il a aussi été démontré chez des patients atteints d’une démence modérée qu’un contact par vidéosurveillance améliore la compliance aux interventions médicales comme la surveillance infirmière des paramètres biologiques par rapport aux systèmes classiques de communication ou d’interventions médicales et para médicales (Smith G.E. et al, 2007).

Concernant les capteurs, il a été montré, même si ce n’est que sur de faibles cohortes, qu’une surveillance de l’activité des personnes vivant à domicile était faisable, fiable dans sa détection du type de comportement et des comportements anormaux (Corte Franco G. et al, 2008) et ce, même avec un équipement minimum ne permettant que de détecter l’utilisation ou la non utilisation de certains appareils électroménagers courants. Parmi les autres exemples, une simple surveillance par infrarouge de la présence ou non du patient dans son lit permet une mesure fiable de son activité nocturne (Nakano et al, 2002).

Il existe en outre un intérêt économique à ce type d’interventions médicales à distance (Dansky K. et al, 2001) aussi, avec une réduction significative des coûts directs et indirects liés à la prise en charge à domicile. On note moins de visites à domicile, moins d’hospitalisations (De Leo D. et al, 1992, Virone G. et al), plus de patients pris en charge par jour.

4 Limites de la technologie :

Il a été identifié plusieurs préoccupations des patients, concernant la télésurveillance. (Whitten P. et al, 1998). On trouve une inquiétude au sujet de la confidentialité, ou encore un sens réduit de « l’intimité » de la relation avec le professionnel de santé le plus souvent.

On pourra noter d’autres limitations, telles que le manque d’études spécifiques à l’utilisation de la télésurveillance dans la maladie d’Alzheimer (Hsu Y-L., 2007) même si elles restent envisageables (De Leo D. et al, 1992 ; Demiris G. et al, 2001), ou le fait que ces équipements restent à l’heure actuelle encore onéreux (Hsu Y-L., 2007), et ne sont bien sûr pas encore pris en charge par la sécurité sociale.

Il ne faut enfin ne pas négliger les limitations techniques, avec l’accessibilité d’un réseau efficace pour certaines zones rurales, la capacité des aidants à se former, voire une réticence des professionnels de santé à employer ces techniques (Hsu Y-L., 2007). Toujours sur le plan technique, toutes les études ne vont pas dans le même sens, pour un même type de technologie utilisée de différentes manières. Par exemple, certains modèles de détection infrarouge sont limités par le fait que si ils détectent correctement l’activité d’un patient, ils sont perturbés par la présence éventuelle de plusieurs personnes, ou par leur adaptation à un domicile réel, au sortir de pièces spéciales dédiées à l’expérimentation (Kaushik A. et al, 2006)

5 Informations pratiques:

Ce service est proposé par des sociétés privées qui travaillent avec des sociétés d’assurance, qui elles proposent des forfaits ou des abonnements à leurs assurés, à partir de 30 euros par mois.