1 Présentation :
La télémédecine est une discipline largement utilisée pour la communication entre professionnels de santé. Elle permet le transfert à distance de données médicales. Son intérêt n’est plus à démontrer. Une de ses applications est utile au maintien à domicile des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, il s’agit de la téléconsultation.
La téléconsultation, ou « telehealth » (Koch S. et al, 2005), permet la réalisation d’une « visite virtuelle » entre le médecin et son patient, une consultation réalisée à distance, qu’elle soit audio (De Leo D. et al, 1992) ou vidéo. La transmission des données est le plus souvent effectuée par ligne téléphonique, grâce à une connexion internet.
2 Technologies existantes :
La téléconsultation nécessite un dispositif technique précis. Il faut un terminal, sous la forme d’un ordinateur personnel, au domicile du patient et au cabinet du professionnel de santé (Hsu Y-L. et al, 2007). A ceci s’ajoute un système de communication, le plus souvent une webcam pour une téléconsultation vidéo. Il existe une variante utilisant un système audio avec conversation automatisée, avec une voix préenregistrée, et les informations données par le patient à travers les touches du téléphone (Friedman R.H. et al, 1997).
Pour que la visite virtuelle soit plus complète, il existe des tensiomètres, des électrocardiogrammes, des stéthoscopes USB par exemple, que l’on connecte à un ordinateur (Dansky K. et al, 2001). Et pour compléter le dispositif, il est possible de proposer des pages internet personnalisées pour diffuser des informations aux patients ou aux familles. Et ceci permet, comme la téléphonie développée dans un autre chapitre, d’introduire un dialogue avec les dites familles grâce à des pages interactives qui permettent de transmettre des questions ou des demandes de la part des aidants (Ripich S. et al, 1992).
3 Intérêt de la technologie :
Il a été montré que la satisfaction des patients ayant recours à la téléconsultation est réelle, et porte aussi sur la réduction des désagréments matériels, avec une accessibilité supérieure du médecin spécialiste, que sur l’absence de trajets (Mair F., 2000). On notera aussi une perception de la qualité de la consultation équivalente à la visite à domicile (Yang et al., 2009). Ce qui fait entre autres tout l’intérêt de ce type d’intervention en zone rurale ou sous médicalisée (De Leo D. et al, 1992).
D’autres études ont démontré que la téléconsultation était jugée efficace par les soignants ainsi que par les patients (Stanley M. et al, 2004). Du point de vue des soignants, qui étaient des infirmières dans cette étude, les taux de satisfaction du point de vue du fonctionnement technique ainsi que du point de vue de l’intérêt médical ont dépassé les 90%. Du point de vue patient, on a noté une différence significative et positive chez les patients soumis à la télémédecine dans leur perception de la technologie, par rapport aux patients qui n’en ont pas profité. Il convient de noter que cette étude, réalisée chez des patients âgés atteints de maladies chroniques, ne concernait pas spécifiquement des aidants de patients déments. Ce type de résultats a été vérifié par d’autres études (Demiris G. et al, 2001).
Il existe en outre un intérêt économique à ces interventions médicales à distance (Dansky K. et al, 2001), avec une réduction significative des coûts directs et indirects liés à la prise en charge à domicile. On note moins de visites à domicile, moins d’hospitalisations (De Leo D. et al, 1992, Virone G. et al), plus de patients pris en charge par jour. Ceci est important pour permettre de justifier une éventuelle future prise en charge au régime de l’Assurance Maladie de ces équipements.
4 Limites de la technologie :
Il a été identifié plusieurs préoccupations des patients concernant la téléconsultation. (Whitten P. et al, 1998). On trouve une inquiétude au sujet de la confidentialité, ou encore un sens réduit de « l’intimité » de la relation avec le professionnel de santé le plus souvent.
On pourra noter d’autres limitations, telles que le manque d’études spécifiques à l’utilisation de la téléconsultation dans la maladie d’Alzheimer (Hsu Y-L., 2007) même si elles restent envisageables (Demiris G. et al, 2001 ; Friedman R.H. et al, 1997), ou le fait que ces équipements restent à l’heure actuelle encore onéreux (Hsu Y-L., 2007).
Il ne faut enfin ne pas négliger les limitations techniques, avec l’accessibilité d’un réseau efficace pour certaines zones rurales, la capacité des aidants à se former, voire une réticence des professionnels de santé à employer ces techniques (Hsu Y-L., 2007).
5 Informations pratiques:
Une téléconsultation peut être installée à bas coût. Elle ne nécessite qu’un ordinateur chez chacun des participants, sachant qu’il en existe dans le commerce à partir de 300 euros. Ensuite, une web cam est nécessaire, pour quelques dizaines d’euros, et une connexion internet, disponible à partir de 30 euros par mois en France. Les compléments d’équipements comme un stéthoscope USB sont plus onéreux, aux alentours de 300 dollars en vente par correspondance. Il existe aussi des projets de financements européens pour développer la téléconsultation médicale. On trouve aussi des sociétés privées installées en Suisse, mais les services ne sont pas équivalents à une vraie consultation à distance, ils correspondent plus à un numéro à joindre en cas d’urgence pour un avis.